Visite pastorale du groupement paroissial Saint-Jean-Baptiste-en-Josas

(Buc – Jouy-en-Josas – Les Loges-en-Josas – Vélizy-Villacoublay)

(9 – 12 janvier 2025)

Lettre de l’évêque aux paroissiens

« La paroisse est présence ecclésiale sur le territoire, lieu de l’écoute de la Parole, de la croissance de la vie chrétienne, du dialogue, de l’annonce, de la charité généreuse, de l’adoration et de la célébration. À travers toutes ses activités, la paroisse encourage et forme ses membres pour qu’ils soient des agents de l’évangélisation. Elle est communauté de communautés, sanctuaire où les assoiffés viennent boire pour continuer à marcher, et centre d’un constant envoi missionnaire.^[1] »

[1] Pape François, La joie de l’Evangile, 2013, § 28.

Chers Frères et Sœurs, chers Amis,

Du 9 – 12 janvier 2025, au cours de cette visite pastorale, j’ai eu la joie de découvrir votre groupement paroissial. Ce furent quatre belles journées, denses, riches par la diversité des rencontres et joyeuses par l’accueil reçu : un très grand merci à toutes et à tous ! J’adresse aussi mes remerciements aux membres de l’équipe qui a préparé cette visite et qui m’a permis d’entrer peu à peu dans une vision à la fois large et précise de la vie pastorale des différents clochers, mais aussi de la vie des quatre communes qui constituent le territoire paroissial, en particulier avec la rencontre des maires et des conseillers municipaux. J’ai pu aussi percevoir quelques-unes des réalités locales, à travers le déjeuner avec des membres de Dassault System, la visite du quartier de Louvois à Vélizy et la découverte des Loges-en-Josas en compagnie des maires respectifs, le château de Buc, le musée de la Toile de Jouy, le marché de Vélizy… Je redis toute ma reconnaissance à tous les acteurs de cette visite, avec un remerciement particulier au P. Nathanaël Valdenaire, curé de la paroisse, ainsi qu’aux autres prêtres et aux diacres.

Cette brève lettre pastorale ne reprend pas toutes les rencontres et les diverses activités menées au cours de la visite. Je cherche simplement à souligner quelques points importants qui ressortent – de mon point de vue – de la vie du groupement paroissial. C’est une relecture de l’évêque qui cherche à encourager les communautés qu’il visite dans son diocèse. Pour ceux parmi vous qui le souhaitent, ce sera aussi l’occasion de relire votre vie paroissiale et, peut-être, d’envisager des initiatives nouvelles.

Quatre clochers pour un groupement paroissial : une chance et un défi

Le groupement paroissial comporte quatre communes de tailles très différentes – par exemple entre Les Loges-en-Josas (1700 habitants) et Vélizy-Villacoublay (22000 habitants) -, avec des habitats et des secteurs d’activités très divers ; l’ensemble représentant une population de près de 40000 habitants. Cette grande diversité ne semble pas être vécue selon le mode de disparités mais, au contraire, comme une diversité féconde pour tous. Si cette composition du groupement paroissial n’apparaît pas comme une structure pesante mais comme une chance, il n’en demeure pas moins qu’elle constitue un défi pour l’organisation pastorale et pour la communion entre les différentes communautés locales, appelées à former une même famille paroissiale.

Comme l’écrit le pape François, la paroisse n’est pas une structure d’Eglise figée selon tel ou tel modèle, mais qui est au service des nombreuses situations des communautés chrétiennes et qui possède une grande capacité d’adaptation : « La paroisse n’est pas une structure caduque ; précisément parce qu’elle a une grande plasticité, elle peut prendre des formes très diverses qui demandent la docilité et la créativité missionnaire du pasteur et de la communauté. Même si, certainement, elle n’est pas l’unique institution évangélisatrice, si elle est capable de se réformer et de s’adapter constamment, elle continuera à être l’Église elle-même qui vit au milieu des maisons de ses fils et de ses filles. Cela suppose que réellement elle soit en contact avec les familles et avec la vie du peuple et ne devienne pas une structure prolixe séparée des gens, ou un groupe d’élus qui se regardent eux-mêmes. [1]» Ces propos me semble bien décrire la situation de votre groupement paroissial avec la recherche permanente de s’adapter à des situations mouvantes dans les communes qui la composent (nouveaux quartiers, population nouvelle, l’articulation rural, urbain et… rurbain, etc.) mais également dans la vie même de la paroisse avec les nouveautés évangélisatrices suscitées par l’Esprit Saint comme l’arrivée de nombreux catéchumènes et l’intégration des néophytes dans la vie paroissiale.

L’organisation actuelle du groupement paroissial cherche à prendre en compte cette situation – chance et défi – en se définissant non pas comme une seule communauté paroissiale mais comme une « communauté de communautés ». Ceci signifie une attention particulière portée à chacune des communautés locales ; attention qui se manifeste – entre autres et très clairement – par la célébration de la messe dominicale dans chaque clocher. Les paroissiens sont bien conscients de cette grande chance, rendue possible par la présence de trois prêtres. Cependant, la vie locale paroissiale ne se réduit pas à la célébration de la messe, mais à une présence – une proximité – d’Eglise sous différentes formes (accueil local, veillée de louange, temps de prière, célébration des funérailles, des mariages et des baptêmes…). Les grands évènements paroissiaux (kermesse, trail…), les entraides entre les différentes communautés locales, la participation aux structures d’animation paroissiales et les grands temps liturgiques constituent autant d’éléments qui favorisent la communion au sein du groupement paroissial et une meilleure connaissance des uns et des autres.

Des orientations pastorales fédératrices du groupement paroissial

Aux dires de beaucoup, depuis leur arrivée en 2017 à Vélizy, les prêtres de la communauté de l’Emmanuel ont apporté un dynamisme et un renouveau pastoral à la vie du groupement paroissial. Ces derniers aiment bien préciser que cette paroisse n’est pas « une paroisse de l’Emmanuel mais une paroisse animée par des prêtres de l’Emmanuel » au service de tous. De fait, tous constatent leur engagement et leur disponibilité pour œuvrer de manière synodale à la mise en œuvre de projets pastoraux répondant aux besoins de la Mission. Au cours de ces dernières années, trois grandes orientations pastorales ont été mises en œuvre :

– Développer une vie fraternelle : l’évangélisation, tant à l’intérieur d’une communauté chrétienne qu’à l’extérieur auprès de tous, ne peut se faire réellement sans un climat de fraternité, signe de l’Evangile vécu au quotidien les uns envers les autres. Cette vie fraternelle se traduit de bien des manières : parcours alpha, petits groupes, formation commune, qualité de l’accueil des nouveaux arrivants, etc. Cette fraternité favorise aussi les liens entre les quatre clochers et contribue à donner à la communauté un visage accueillant à ceux et celles qui viennent frapper à la porte de l’Eglise.

– Favoriser la croissance spirituelle : la dimension missionnaire d’une communauté chrétienne s’enracine dans une relation forte au Christ, à l’écoute de l’Esprit, pour témoigner à tous de l’amour du Père. Les disciples missionnaires – selon les mots du pape François pour désigner les baptisés – sont disciples parce qu’ils suivent le Christ jour après jour et sont missionnaires parce que le Christ les envoie annoncer que le Royaume est proche (cf. Mt 10,7). Ainsi diverses initiatives ont été prises comme les différents parcours au sein des petits groupes et l’Ecole des disciples missionnaires afin d’approfondir et de vivre une réelle intimité avec le Christ et le discernement des charismes que l’Esprit suscite en chacun.

– Devenir une paroisse missionnaire : trois mots caractérisent cette orientation pastorale : évangélisation, mission et invitation. Il s’agit, jour après jours, dans les différents domaines de la vie paroissiale, de porter la préoccupation d’une dimension missionnaire en proposant à tous de découvrir l’Evangile du Christ et en invitant chacun à rejoindre la communauté. Ceci se traduit, par exemple, par une messe dominicale particulièrement adaptée à accueillir des personnes invitées par les paroissiens, par la marche des mères, des concerts réguliers, la bénédiction des animaux de compagnie, etc. ; autant de propositions diversifiées qui peuvent permettre de découvrir par des biais différents la vie de la communauté et la proposition de la foi. Il s’agit de déployer une « culture de l’invitation », un peu à la manière de Jésus : « Venez et voyez ! » (Jn 1,39). Pour accompagner ce dynamisme, une personne laïque a été embauchée il y a 3 ans comme responsable du Soutien aux Activités Missionnaires (S.A.M.).

Pour les prochaines années – jusqu’en 2027 – de nouvelles priorités missionnaires ont été aussi élaborées : développer la dimension de la prière en mettant en place des écoles d’adoration et d’oraison, accompagner et soutenir les nombreux bénévoles qui œuvrent dans la paroisse et porter un plus large souci des personnes pauvres et en difficulté. Ces dernières orientations, menées par l’Equipe d’Animation Paroissiale (E.A.P.), cherchent à poursuivre l’ouverture du groupement paroissial sur l’extérieur tout en accueillant les nouveaux venus nombreux, comme les catéchumènes.

La vie du groupement paroissial : l’affaire de tous

Il est clair que les paroissiens de Saint-Jean-Baptiste-en-Josas ont la chance de faire partie d’un groupement paroissial très vivant. Vous en êtes conscients et vous rendez grâce au Seigneur pour cette belle vie communautaire, si riche et si joyeuse, où jeunes et moins jeunes peuvent trouver leur place, grandir dans leur vie chrétienne et célébrer leur foi. Cette situation tient au fait que beaucoup de baptisés sont engagés, à différents niveaux, dans la responsabilité de services paroissiaux ou dans l’animation de groupes. Lors de la rencontre des nombreux bénévoles responsables, dans les locaux de Buc Ressources, beaucoup ont exprimé leur joie d’être ainsi au service de la communauté, dans une belle collaboration avec les prêtres et les diacres, ainsi qu’avec les personnes salariées de la paroisse. A cette occasion, ils ont souligné l’intérêt d’une telle rencontre pour se connaître et ont souhaité que cette opportunité, créée par la visite pastorale, puisse se reproduire de temps en temps.

Cependant, à plusieurs reprises au cours de la visite, a été soulignée l’importance d’accompagner ceux et celles en responsabilité qui, parfois, se trouvent un peu seuls, ont besoin de soutien et de relire leur mission. Ceci semble bien compris aujourd’hui dans la paroisse et un travail est en cours afin de mieux accompagner les bénévoles dans leur service de la Mission, avec la création du Soutien aux Paroissiens en Mission (S.P.M.) et l’embauche d’une laïque responsable de ce soutien. Dans le même sens, il y a sans doute un effort de communication à faire auprès des paroissiens pour qu’ils connaissent mieux les structures d’animation paroissiale que sont l’Equipe d’Animation Paroissiale (E.A.P.), le Conseil Pastoral (C.P.) et le Conseil Paroissial des Affaires Économiques (C.P.A.E.) Par exemple, les membres du C.P. trouvent difficiles d’être le relais des paroissiens si ceux-ci ne les connaissent pas. De fait, une bonne connaissance mutuelle est importante car ces différentes instances, en étroite collaboration avec le curé, travaillent au fonctionnement de la vie ordinaire de la paroisse, aux grandes orientations pastorales et aux questions matérielles. Une meilleure articulation entre ces équipes a été aussi exprimée par leurs membres lors de la rencontre qui les a réunies autour de l’évêque.

La solidarité auprès de ceux en précarité : une manière très concrète de vivre la fraternité

Si, au cours de la visite pastorale, le mot « Fraternité » est apparu comme un des beaux leitmotivs du groupement paroissial, il est heureux de constater qu’il ne désigne pas seulement les relations ordinaires au sein de la communauté mais qu’il traduit aussi le travail de solidarité de la communauté envers les personnes en situations difficiles de pauvreté, de maladie, de solitude. L’équipe locale du Secours Catholique fait un très beau travail sur le territoire paroissial avec de nombreux bénévoles, et en lien avec les instances sociales et communales, comme j’ai pu le constater en rencontrant les maires. Dans les quatre communes, l’Eglise, en collaboration avec d’autres associations, porte, modestement mais sûrement, le souci des plus défavorisés tant dans un travail de rencontre et d’écoute, que d’aides matérielles. L’épicerie solidaire de Vélizy est une belle illustration de cette présence auprès de ceux et celles en difficulté. Par ailleurs, des initiatives sont prises tout au long de l’année permettant aux personnes isolées de vivre des moments conviviaux et une expérience de fraternité. D’autres « champs » sont encore à moissonner comme les liens avec l’hôtel social « Les clés du roi » à Buc où sont accueillies de personnes migrantes et autres, pour lesquelles de nombreuses aides sont à mettre en œuvre (alphabétisation, soutien scolaire, aides administratives, etc. ). Un autre projet serait l’accueil d’urgence avec la mise à disposition de locaux (chambres) qui est d’une grande nécessité.

D’autres lieux font aussi l’objet d’une attention caritative particulière comme le Château des Côtes avec la présence de paroissiens auprès des enfants malades accueillis dans cet établissement pédiatrique. Les « maisons des sages » et Ephad sont aussi visités par des équipes de bénévoles. Plus largement, en particulier suite à la crise du Covid, il apparaît nécessaire d’aller vers les personnes seules et isolées – qui ne viennent plus à l’église – et de sensibiliser la communauté à les repérer pour pouvoir les rencontrer. Sans doute, il sera bon d’étoffer le Service Evangélique des Malades qui porte ce souci des personnes dans de telles situations. De nouveaux bénévoles sont nécessaires.

En conclusion, bien des choses encore…

Bien sûr, il y aurait encore beaucoup d’autres éléments que je pourrais rapporter dans cette lettre et qui exprimeraient la richesse et la vitalité de votre groupement paroissial. Je pourrais ainsi évoquer les rencontres avec les maires et les élus, les contacts œcuméniques à l’église évangélique des Loges, la soirée de louange et d’adoration à Jouy sous les auspices de saint Jean Eudes et du foyer d’accueil local, le temps d’évangélisation sur le marché de Vélizy… Bien sûr, au cours d’une visite pastorale, les repas sont des temps forts et l’occasion de bien d’échanger, j’en profite pour remercier vivement tous ceux et celles qui les ont préparés et ont permis une convivialité renforcée ! Merci encore à tous pour votre accueil, votre prière et votre confiance !

Je souhaite à toute la communauté paroissiale un heureux chemin vers Pâques, en route avec les catéchumènes, pour célébrer le cœur de notre foi et de notre espérance : la mort et la résurrection de Jésus le Christ.

Je vous attends le 29 mai à Jambville pour notre grand rendez-vous diocésain du Jubilé de l’Espérance.

✠ Luc Crépy

Evêque de Versailles pour les Yvelines