Se préparer à la consécration de notre groupement paroissial au Sacré-Cœur de Jésus
Chers frères et sœurs,
Vous le savez, nous vivons en cette année 2025 une année jubilaire ouverte par notre bien aimé pape François qui a rejoint la maison du père. Il a voulu que cette année soit sur le thème de l’espérance pour que nous soyons tous renouvelés dans cette vertu théologale fondamentale à notre vie chrétienne.
Qu’est-ce qu’un jubilé ? Dans la tradition biblique, le jubilé était une année sainte, célébrée tous les cinquante ans par le peuple d’Israël : une année de libération des esclaves, de remise des dettes, de retour à Dieu, une année pour recommencer. Dans l’Église, le jubilé garde cette même signification : il est un appel à revenir au Seigneur, à renouveler notre engagement envers Lui, et à goûter à nouveau la joie du salut.
Ce jubilé coïncide avec un autre jubilé, celui de l’anniversaire des 350 ans des apparitions de Jésus à sainte Marguerite-Marie à Paray-le-Monial. Il lui a montré son cœur plein d’amour pour le monde et pour chacun de nous. C’est pourquoi, avec l’EAP, nous avons décidé en cette année sainte de consacrer notre groupement paroissial au Sacré-Cœur de Jésus lors de la fête paroissiale de fin d’année. C’est un acte important à la fois spirituel et communautaire, source de grandes grâces que nous voulons préparer avec profondeur et foi. Vous serez tous invités à vous consacrer, personnellement ou en famille au Sacré-Cœur de Jésus, et je consacrerai notre groupement paroissial le 22 juin prochain. C’est un chemin que nous voulons faire ensemble, et que je vous propose de commencer aujourd’hui.
- Le Sacré-Cœur de Jésus : un amour blessé mais vivant
Le Sacré-Cœur de Jésus n’est pas d’abord une image pieuse ou une dévotion ancienne : c’est un mystère vivant de la foi chrétienne. Ce cœur représente l’amour infini du Christ pour chacun de nous. Il est un cœur transpercé – souvenons-nous de l’évangile de Jean : « Un des soldats, avec sa lance, lui perça le côté, et aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau » (Jn 19, 34). Mais puisque le Christ est ressuscité, ce cœur est bien vivant ! Et il est reste ouvert, battant, brûlant de miséricorde pour nous !
A Paray-le-Monial au XVIIe siècle, Jésus est apparu à Sainte Marguerite-Marie Alacoque. Il lui a montré son cœur et lui a dit : « Mon divin Cœur est si passionné d’amour pour les hommes, et pour toi en particulier, que, ne pouvant plus contenir en lui-même les flammes de son ardente charité, il faut qu’il les répande par ton moyen et qu’il se manifeste à eux pour les enrichir de ses précieux trésors que je te découvre » ; Sainte Marguerite-Marie témoigne : « Il me découvrit les merveilles de son amour et les secrets inexplicables de son Sacré Cœur qu’Il m’avait toujours tenus cachés, jusqu’alors qu’Il me l’ouvrit pour la première fois, mais d’une manière si effective et sensible qu’Il ne me laissa aucun lieu d’en douter ». Jésus lui dit alors : « Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes, qu’Il n’a rien épargné jusqu’à s’épuiser et se consommer pour leur témoigner son amour ». La sainte religieuse relate encore cette expérience : « Et une fois, entre les autres, que le saint Sacrement était exposé, […] Jésus-Christ, mon doux Maître, se présenta à moi, tout éclatant de gloire avec ses cinq plaies brillantes comme cinq soleils, et de cette sacrée humanité sortaient des flammes de toutes parts, mais surtout de son adorable poitrine qui ressemblait une fournaise; et s’étant ouverte, me découvrit son tout aimant et tout aimable Cœur qui était la vive source de ces flammes. Ce fut alors qu’Il me découvrit les merveilles inexplicables de son pur amour, et jusqu’à quel excès il l’avait porté, d’aimer les hommes, dont Il ne recevait que des ingratitudes et méconnaissances ». Jésus lui parle alors de sa soif d’être aimé. Il nous montre ainsi qu’il n’est pas indifférent à la manière dont nous répondons à son amour : « J’ai soif, lui dit-il, mais d’une soif si ardente d’être aimé des hommes au Saint Sacrement, que cette soif me consomme ; et je ne trouve personne qui s’efforce, selon mon désir, pour me désaltérer en rendant quelque retour à mon amour ». Voilà le cœur de notre foi. Non pas un Dieu lointain, mais un Dieu qui s’est fait proche, qui a souffert, qui aime, qui nous supplie de le laisser nous aimer et qui nous appelle à l’aimer en retour. Dans le Sacré-Cœur, tout est dit : la tendresse de Dieu, sa fidélité, sa douleur aussi face à notre indifférence. Et pourtant, il continue d’aimer.
Le pape François dans sa dernière encyclique Dilexit nos (Il nous aimés) précisément sur le Cœur de Jésus nous a laissé de très belles paroles. Je vous en partage quelques-unes :
« Le Fils éternel de Dieu, qui me transcende infiniment, a aussi voulu m’aimer avec un cœur humain. Ses sentiments humains deviennent le sacrement d’un amour infini et définitif » (N° 60).
« En contemplant le Cœur du Christ, nous reconnaissons que dans ses sains et nobles sentiments, dans sa tendresse, dans le tressaillement de son affection humaine, toute la vérité de son amour divin et infini se manifeste » (N°64).
« C’est pourquoi, en entrant dans le Cœur du Christ, nous nous sentons aimés par un cœur humain, plein d’affections et de sentiments comme le nôtre » (N°67).
« Devant le Cœur du Christ il est possible de revenir à la synthèse incarnée de l’Évangile et de vivre ce que je proposais il y a peu, en rappelant la chère sainte Thérèse de l’Enfant Jésus : ‘L’attitude la plus appropriée est de placer la confiance du cœur hors de soi-même, en la miséricorde infinie d’un Dieu qui aime sans limites et qui a tout donné sur la Croix de Jésus-Christ’. Elle a vécu cela intensément parce qu’elle avait découvert dans le cœur du Christ que Dieu est amour : ‘À moi Il a donné sa Miséricorde infinie, et c’est à travers elle que je contemple et adore les autres perfections Divines’. C’est pourquoi la prière la plus populaire, adressée comme une flèche au Cœur du Christ, dit simplement : ‘J’ai confiance en toi’. Aucune autre parole n’est nécessaire » (N°90).
« Dans le Cœur transpercé du Christ se concentrent, inscrites dans la chair, toutes les expressions d’amour des Écritures. Il ne s’agit pas d’un amour simplement déclaré, mais son côté ouvert est source de vie pour celui qui est aimé, il est cette fontaine qui étanche la soif de son peuple » (N°101).
Pour saint François de Sales, la dévotion au Sacré Cœur « est une invitation à la relation personnelle où chaque personne se sent unique devant le Christ, prise en compte dans sa réalité irremplaçable, pensée par le Christ et valorisée de manière directe et exclusive » (N°115).
Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus « écrit à sa sœur Léonie : ‘Je t’assure que le Bon Dieu est bien meilleur que tu le crois. Il se contente d’un regard, d’un soupir d’amour… Pour moi je trouve la perfection bien facile à pratiquer, parce que j’ai compris qu’il n’y a qu’à prendre Jésus par le Cœur…’ » (N°140).
« La proposition chrétienne est attrayante lorsqu’elle est vécue et manifestée dans son intégralité, non pas comme un simple refuge dans des sentiments religieux ou dans des rites somptueux. Quel culte serait rendu au Christ si nous nous contentions d’une relation individuelle, sans nous intéresser à aider les autres à moins souffrir et à mieux vivre ? » (N°205).
« La mission, comprise dans la perspective du rayonnement de l’amour du Cœur du Christ, a besoin de missionnaires amoureux, toujours captivés par le Christ et qui transmettent inlassablement cet amour qui a changé leur vie » (N°209).
« Parler du Christ, par le témoignage ou la parole, de telle manière que les autres n’aient pas à faire un grand effort pour l’aimer, voilà le plus grand désir d’un missionnaire de l’âme. Il n’y a pas de prosélytisme dans cette dynamique de l’amour : les paroles de l’amoureux ne dérangent pas, n’imposent pas, ne forcent pas. Elles poussent seulement les autres à se demander comment un tel amour est possible. Dans le plus grand respect de la liberté et de la dignité de l’autre, l’amoureux attend simplement qu’on lui permette de raconter cette amitié qui remplit sa vie » (N°210).
- Pourquoi se consacrer au Sacré-Cœur ?
Peut-être vous vous demandez : pourquoi se consacrer au Sacré-Cœur aujourd’hui ? Quel sens cela a-t-il ?
Se consacrer au Sacré-Cœur, c’est poser un acte de foi, de confiance et d’amour. C’est choisir de faire de Jésus le centre de notre vie. C’est Lui dire : « Seigneur, je veux que Tu règnes dans mon cœur, dans ma famille, dans ma paroisse. »
Je vous donne 10 bonnes raisons de vous consacrer au Cœur de Jésus.
- Pour être renouvelés dans notre baptême en profondeur, renouveler les promesses de notre baptême, notre appartenance à Dieu.
- Parce que nous avons besoin d’un repère solide. Dans un monde qui change vite, où les repères se brouillent, le Cœur de Jésus est un roc et un abri.
- Parce que notre cœur a soif d’amour vrai. Nous cherchons tous à être aimés, compris, pardonnés. Le Cœur de Jésus est la source inépuisable de cet amour. Se consacrer à lui c’est croire en cet amour !
- Pour expérimenter l’amour du Seigneur pour moi, écouter les battements de son Cœur et accueillir davantage la miséricorde divine dans ma vie.
- Pour être renouvelés en famille. La consécration renvoie aussi à la consécration liée au sacrement du mariage, et le fait que la famille est “l’Eglise domestique”, la première Eglise d’une certaine façon. Elle montre en Jésus le vrai berger de nos familles, le “Roi des cœurs”, Celui qui veille sur toutes nos affaires (familiales, professionnelles, sociales) dès lors que nous lui donnons la première place dans notre cœur et notre foyer.
- Pour rendre amour pour amour. Plutôt que de nous désespérer devant nos médiocrités personnelles, nos difficultés familiales, l’état de l’Eglise, de notre pays et du monde, offrons-nous au Seigneur, donnons-nous à lui sans retour, totalement, « pour la gloire de Dieu et le salut du monde »
- Pour participer au renouveau de la paroisse. La dévotion au Sacré-Cœur favorise une nouvelle ferveur eucharistique (célébration, adoration), laquelle est source de la communion ecclésiale et donc de l’évangélisation par contagion (“Voyez comme ils s’aiment”).
- Parce que le monde a besoin de témoins de la miséricorde. En nous consacrant au Cœur de Jésus, nous devenons des instruments de paix, d’unité, de pardon, d’amour..
- Pour faire connaître aux hommes de notre temps ce message d’amour et d’espérance incroyable que le Cœur de Jésus a offert au monde à travers sainte Marguerite-Marie.
- Pour entrainer d’autres personnes dans cette consécration au Cœur de Jésus : ma famille, mes proches, mes frères et sœurs paroissiens.
C’est donc une démarche à la fois personnelle et missionnaire. Et elle ne concerne pas que les religieux ou les saints ! Elle est pour tous : enfants, jeunes, parents, grands-parents, couples, veufs, séparés, célibataires, consacrés. Elle peut se vivre en famille, dans les foyers, et bien sûr en paroisse.
- Une démarche paroissiale : communautaire, fraternelle, enracinée
Pour notre groupement paroissial, ce projet naît d’un désir profond : placer toute notre vie paroissiale sous le regard et la conduite du Christ. Jésus veut régner dans notre communauté. Nous voulons grandir dans l’amour pour Dieu et dans l’amour les uns pour les autres. Et pour cela nous avons besoin de nous offrir au cœur de Jésus afin qu’il vienne aimer par nous, avec nous et en nous.
Cela signifie que notre paroisse veut se laisser transformer par l’amour du Christ. Qu’elle veut être un lieu de prière, de charité, de fraternité. Qu’elle veut accueillir chacun comme une créature unique de Dieu et comme un membre à part entière du Corps du Christ. Qu’elle veut porter les plus fragiles, les malades, les éloignés de l’Église. C’est un appel à la conversion, à la mission, à la communion.
Comment allons-nous nous y préparer ?
Comme toute consécration, cela ne se fait pas à la légère. Il y a un cheminement. Un temps pour mieux connaître, mieux aimer, mieux suivre le Christ.
Ce temps de préparation comportera plusieurs étapes : vous recevrez de courts podcasts à écouter que le sanctuaire de Paray-le-Monial met à disposition. C’est un parcours simple pour se préparer personnellement à la consécration. Vous serez invités à vivre des temps de prière, d’adoration, des engagements concrets. Vous serez tous invités à vous y associer, à votre rythme, selon vos possibilités.
Et le jour venu, ceux qui le souhaitent pourront poser cet acte de consécration, en prononçant une prière personnelle ou familiale. Et je prononcerai une prière de consécration de notre groupement.
Conclusion : notre consécration comme réponse d’amour au Christ
L’acte de consécration est une réponse d’amour à Celui qui nous aime depuis toujours. Et c’est bien cela que nous voulons vivre. Non pas un rite formel. Mais une réponse libre, confiante, joyeuse. Une réponse d’amour. Car Jésus nous attend. Il nous regarde avec tendresse. Il nous dit :
« Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous donnerai le repos… mettez-vous à mon école, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur. » (Mt 11,28)
Alors, frères et sœurs, osons ce chemin. Aujourd’hui dans cette basilique du sacré cœur de Montmartre, mettons-nous en route vers cette consécration. Que ce jubilé soit pour nous un nouveau départ. Et que le Sacré-Cœur de Jésus règne vraiment dans nos vies, dans nos familles, et dans notre groupement paroissial.
Père Nathanaël Valdenaire